8ème mise à jour enrichie et corrigée (20.04.2006) | sound |
désormais sur www.REBLOCHON.net | ||
"Descente de l'Arve + les frais." | "It takes your glaviot away..." |
mots et expressions
du terroir
lexique établi par
Paul Guichonnet
En 1902, dans le volume Haute-Savoie de la célèbre collection des guides régionaux Boule, Joseph Désormaux écrivait : "En Savoie, on parle français." Cette constatation pourrait sembler inutile. Elle le paraîtrait moins, si l'on savait que bon nombre de gens s'imaginent qu'avant l'annexion à la France en 1860 l'italien était le langage usuel.
Le patois disparaît de plus en plus, devant les progrès du français. Celui-ci offre encore bon nombre d'archaïsmes, restés comme provincialismes, des expressions et des tours particuliers, qui constituent le "français local".
Ces lignes du grand dialectologue savoisien expriment parfaitement l'objet de cette anthologie. Elle réunit des expressions caractéristiques du parler des autochtones.
Tout en ne pratiquant plus le patois, même s'ils le comprennent, et en se servant uniquement du français dans leur vie quotidienne, ils s'adressent à leurs familiers, ou à leurs compatriotes, en utilisant des tournures originales.
Chose curieuse, alors que les philologues ont étudié en détail les patois savoyards, le "français local" a été, pratiquement, délaissé par les linguistes, qui se sont occupés des idiomes de l'ancien Duché.
Les seules recherches, dans ce domaine, ont été celles de Joseph Désormaux, professeur au Lycée d'Annecy. Dans le premier quart de ce siècle, il s'intéresse au patois et au français parlé en Savoie. Dès 1907, il commence à réunir les éléments d'un glossaire du français local et des diotismes, pour lesquels ils proposent le nom de "sabaudismes", mais ce recueil ne sera pas publié.
Situons rapidement la place de ce que l'on peut nommer le "français du terroir".
La Savoie vit, actuellement, les dernières décennies d'un bilinguisme pluri-séculaire entre le patois et le français. L'origine et l'évolution de cette "diglossie" sont bien connues. À partir du haut Moyen-Âge s'individualisent des parlers qui appartiennent au groupe franco-provençal, occupant une aire, à cheval sur les Alpes nord-occidentales et leur avant-pays rhodanien. Ils sont formés sur le latin populaire, recouvrant un substrat celtique, et enrichi, à partir du Vesiècle, d'apports germaniques.
Entre les langues d'oc, au Midi, et les parlers d'oïl, au Nord, dont un, le francien, deviendra la langue du royaume et s'imposera à l'ensemble du territoire, le franco-provençal est fragmenté en patois, non-écrits, dont les différences de vocabulaire et de prononciation limitent l'inter-communication. C'est toujours Désormaux qui note que: "Si quelqu'un disait que, des rives du Léman au Mont-Cenis, il n'y a peut-être pas vingt mots qui se prononcent exactement de même, tout le monde crierait au paradoxe; à notre avis, ce quelqu'un serait bien près de la vérité."
Une telle situation plaçait le franco-provençal en position d'infériorité, devant le français. Ce dernier commence à être utilisé, à côté du latin, dès le XIIIe siècle, dans les écrits publics, puis il devient un langage connu, et pratiqué, par une partie de plus en plus nombreuse de la population. Son introduction se fait par le haut de l'échelle sociale, à la Cour des comtes et des ducs, dans l'aristocratie, parmi les clercs, les écrivains et les lettrés.
Chaque occupation de la Savoie par les forces du grand royaume voisin est l'occasion d'une avancée du français. Deux périodes sont, à cet égard, particulièrement significatives. Entre 1536 et 1559, le "français du roi" bénéficie du prestige de la Renaissance et il est l'instrument d'un premier âge d'or culturel.
La célèbre Ordonnance de Villers-Cotterets, de 1539, substituant le français au latin, dans les documents officiels, est appliquée, dans la Savoie occupée et, dès le règne du duc Emmanuel-Philibert (1559-1580), la langue française fut la seule admise comme langue officielle pour la Savoie. Au temps de la Contre-Réforme, qui fait de la Savoie l'un des bastions du Catholicisme, le fait que le français fût la langue de la religion contribua puissamment à sa diffusion. Le chanoine V. Ratel écrit: "À l'église, on prêchait en français." Le catéchisme, "la doctrine", était enseigné au enfants en français. Si les oraisons jaculatoires étaient en patois, c'est en français que l'on priait en commun, dans la famille, dans les églises et dans les chapelles de villages. Les vieux ex-votos "remerciaient" en français, comme étaient en français les légendes des peintures et des scultures religieuses.
À partir du XVIIe et du XVIIIesiècles, la Savoie gravite, intellectuellement, vers Paris, et l'émigration tisse, entre le Duché et le Royaume, des liens économiques et sociaux, de plus en plus étroits. Dans la Savoie révolutionnaire et impériale des années 1792-1815, la langue de la "Grande Nation" effectue une nouvelle poussée et, lorsque le pays s'interroge sur son identité, dans un État sarde emporté vers l'idée nationale italienne, l'aspect linguistique sera invoqué parmi les mobiles puissants qui, en 1860, feront pencher la Savoie vers l'Empire de Napoléon III.
Sous la IIIe République, le triomphe du français, langue de la promotion sociale et de l'ouverture au progrès, sera assuré par l'école primaire - au demeurant déjà solidement établie, dès le début du XIXe siècle - ainsi que par le service militaire et les guerres, qui amalgament les Savoyards aux autres Français de l'Hexagone.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale, qui marque la fin de la Savoie traditionnelle, la cohabitation entre le patois et le français est intime et, surtout à la campagne, on passe, sans difficulté, de l'un à l'autre.
Depuis, la province a été affectée par la régression générale des langues locales et, en dépit du regain d'intérêt pour ces parlers, et des activités des associations qui se proposent d'en assurer la survie, les patois savoyards, précieux patrimoine, sont inexorablement condamnés comme langue d'usage, dans la vie sociale. Ils se prolongent, cependant, à travers les expressions du "français" local, avec une présence une vigueur qui pourront surprendre. Dès la Renaissance, la Savoie fut réputée pour l'excellente qualité du langage qu'y parlaient les gens cultivés et ce n'est pas un hasard si elle fut la patrie du célèbre grammairien Claude Favre de Vaugelas, le père du "bon usage" en la matière. Dans son étude sur Le français régional en Savoie, Joseph Désormaux montre que les "savoyardismes", encore nombreux sous la plume des écrivains du XVIe siècle, sont de plus en plus rare, dès l'âge classique, pour disparaître, au temps du purisme néo-classique du début du XVIIe siècle. Il écrit que "Ni Joseph, ni Xavier de Maistre ne font, dans leurs ouvrages, une place aux sabaudismes qui rappelle, même de loin, la liberté des écrivains savoyards du XVIe." Éliminé graduellement de la vie courante et de la langue écrite, le patois se survivra dans le français local.
La marge d'utilisation des idiotismes est très variable. Elle est nulle, ou très faible chez certains Savoyards, totalement "françisés" et qui, à côté du français, utilisent l'argot, ou les expressions à la mode du français populaire. Elle est beaucoup plus large chez d'autres, surtout les gens familiers avec le patois, ou issu du milieu rural, chez qui le "français local" est usuel. Elle est volontaire, et délibérée, enfin, pour ceux qui y voient un moyen d'affirmer leur identité savoyarde, et de créer une sorte de connivence sympathique, avec leurs interlocuteurs.
Un autre volume de cette collection présente les Proverbes et Dictons de Savoie. Nés de la société traditionnelle, c'est en patois qu'ils ont été formulés, et ils sont accompagnés de leurs traductions françaises.
Le langage des Savoyards est, lui, du français, qui a assimilé ou interprété les mots et expressions du patois. Il est très rare, en effet, que des termes patois soient insérés dans le discours du français local. On pourrait citer brafa golyè, "brasse-gouille", celui qui agite l'eau emplissant un creux, c'est-à-dire un intrigant ou tata-cul de polalyè, le méticuleux. Mais, pour le reste, le fond dialectal est toujours habillé d'un vêtement français.
Comme pour les patois, le langage familier des Savoyards n'est pas strictement confinés aux deux départements. On a souvent signalé sa parenté avec certaines expressions lyonnaises.
En 1908, Joseph Désormaux écrivait à son collègue genevois Alexis François : "Pour ma part, plus se précisent mes connaissances des "savoyardismes" plus je trouve étroite la parenté qui existe entre eux et les "lyonnaisismes". Souvent même, je crois, le départ semblera difficile à établir" (Bibliothèque publique et universitaire de Genève, Manuscrits, Ms fr 4041.)
Genève, de son côté, a beaucoup gardé de locutions savoyardes mais en utilise aussi quantité d'autres, qui lui sont propres. La Suisse romande montre, de même, bon nombre de similitudes et de ressemblances.
Tout comme le patois, le français savoyard est condamné, à temps. Il s'effrite et s'efface, devant le parler standardisé des médias, surtout celui de la télévision. "Faire des commissions" est remplacé, par la jeune génération, par "faire des courses" et "aller s'amuser", par "jouer avec des camarades". Combien de gens disent encore, en Faucigny, le bourneau, pour désigner la fontaine publique, mot encore tout-à-fait courant avant la dernière guerre ?
Insérés dans la trame du français courant, les "savoyardismes" bénéficieront, probablement, d'un sursis plus long que celui des patois...
L'originalité du "Français local" en Savoie (retour menu)
Les "sabaudismes", ou "savoyardismes", appartiennent à plusieurs catégories. Les uns sont des archaïsmes, disparus depuis longtemps de la langue parlée par la masse de la population française, et enseignée. Les seconds sont des mots qui existent en français, mais qui sont pris, en Savoie, dans une acceptation totalement différente. Les troisièmes, enfin, sont des termes spécifiques, qui rendent rendent souvent un son insolite, voire étrange, aux oreilles des autres francophones.
La phonétique du français parlé en Savoie n'a pas fait l'objet d'études systématiques. On constate qu'elle tend, elle aussi, tout comme le lexique et la syntaxe, à s'aligner sur le "français-standard", contemporain, modèle citadin et parisien, véhiculé par le tourisme, et sur l'élocution des speakers de télévision.
La prononciation du Savoyard présente des traits communs : lenteur relative de l'émission phonique ; cadence plus ralentie que dans le français commun et absence d'une accentuation très marquée. On note une différence très note avec le parler "serré" et "pointu" des villes. Les voyelles et certains sons sont, généralement, très ouverts (lait = lai et non lé ; fosse et non fausse ; Joseph et non "Jausèph"). Le français local distingue bien les nasales et ne dit pas, comme dans d'autres régions, in pour un (pin, pour pain ; lindi pour lundi).
Des nuances séparent le Nord - plus proche de la prononciation de la Suisse romande, encore que l'accent genevois et vaudois sont très différents et source de moqueries et d'imitations - des vallées tarines et mauriennaises, contigües à la Vallée d'Aoste et au Briançonnais, où l'on observe l'r roulée et une intonation marquée d'une touche méridionale.
Trois tournures sont particulièrement caractéristiques. C'est, tout d'abord, l'usage très courant des inversions : Qui c'est pour un ? ; On n'a personne vu. Elles ont été longtemps regardées comme des germanismes (Was für ein ? Niemend gesehen) mais cette explication est contestée par certains linguistes Vient ensuite le redoublement du passé, lui aussi extrêmement fréquent : "Ça s'est eu vu" ; "À Chambéry, on y a assez eu été dans le temps".
En dernier lieu, l'abondance - voire l'excès - des explétifs : "Il est puis parti".
Dans l'épellation des letttres de l'alphabet subsiste, surtout en Haute-Savoie, comme dans la Suisse romande et quelques régions du Lyonnais, la curieuse manière d'énoncer le j, prononcé "ije". Cette pratique, enseignée autrefois à l'école et encore usitée par l'ancienne génération, est en voie de disparition.
On entend encore fréquemment, surtout à la campagne, le mode de compter septante, pour soixante-dix et nonante pour quatre-vingt-dix, mais, bizarrement, on ne dit jamais, comme en Suisse romande, huitante, pour quatre-vingts, ce qui serait logique...
Le genre et le nombre des noms offrent une série de différences avec le "bon français".
Certains substantifs s'emploient au pluriel, beaucoup plus volontiers qu'au singulier : les caleçons ; les pantalons (le patois ignore ce dernier mot et dit les culottes, d'où, probablement, l'attraction de pantalon vers le pluriel). Les autrefois(jadis).
Noms masculins en français et féminins dans le parler local :
La sable, la serpent, la lièvre, la centime, la poison, la minuit, une chysanthème, une arrosoir, une trident, une ouvrage, une almanach (souvent prononcé armana). Argent est également féminin. Une élastique, une pression (bouton).
La Carême, la chaud, la froid, une ongle, la reste, la seigle, une estomac (au sens de gorge, de poitrine féminine), une caramel, une emplâtre (gifle).
Noms féminins en français et masculins dans le parler local :
Un horloge, un alcôve, un écrevisse, un armoire, un vitre (carreau), un vis, un paire, un écurie (le savoyard ne connaît pas étable et dit écurie aussi bien pour le logement des chevaux que pour celui des bovins et moutons).
Un dinde, un dragée.
La désignation des personnes est traitée de la manière suivante : au village, ou dans un groupe où chacun se connaît, on appelle les gens par leur prénom usuel, le "petit nom", qui est généralement, celui du parrain ou de la marraine, pour les filles. L'usage traditionnel voulait que le premier-né reçût le prénom du grand-père paternel, son parrain. Il arrivait fréquemment aussi que le cadet eût pour parrain, son frère aîné.
Pour les femmes, le prénom est précédé de l'article. On se sert souvent du diminutif et, à la campagne de la forme patoise : la Glaudia, la Césarine, la Fine, (Joséphine), la Foëse (Françoise), la Mya (Marie), ou encore du sobriquet de la famille : la Polalyire (la "Poulaillère"). À l'inverse de ce que l'on observe dans tant de régions françaises, l'article n'est jamais placé devant le nom des hommes, appelés seulement par leur prénom, avec les mêmes normes que pour les femmes (diminutifs ou formes patoises) : Fanfoué (François) ; Guste (Auguste), Ouiss (Louis), Zèbe (Eusèbe).
Dans les villages où les gens se mariaient beaucoup à l'intérieur du groupe, l'endogamie faisait que les patronymes étaient relativement peu nombreux. On adjoignait alors la filiation, paternelle - ou maternelle, si l'aïeule lointaine, ou la mère, avait une forte personnalité - en utilisant "à", ou "au" : Mile (Émile) à Grand ; Louis au Daude (Claude) ; Fanfoué à la Génie (Eugénie) ; ou encore le surnom, de personne : Zèbe à Capitaine, ou de métier : Léon au sabotier. Les familles portent souvent un surnom collectif, héréditaire : Les Josons. Dans certaines régions, le surnom s'est incorporé officiellement au patronyme, pour l'état-civil : Avet-l'Oiseau, Périllat-Boîteux (Pays de Thônes). À Megève, on se sert de la préposition "ès" : Muffat-ès-Jacques.
Abader (s').
Se mettre en train. Commencer une activité. Se lever, le matin.
C'est le moment de s'abader.
Abade (être à l').
Être toujours au loin, hors de la maison.
Il est toujours à l'abade.
Abochon (d').
Sens-dessus-dessous. Face contre terre.
Il est tombé d'abochon. Il dort d'abochon. Mets la casserole d'abochon, pour la faire égoutter.
Abondance.
Ancien nom de la betterave fourragère, la "racine d'abondance".
Abord (d').
Dans peu de temps.
Attends-moi, je suis d'abord là. Je le ferai d'abord après. Si tu continues, tu vas voir d'abord.
Adieu.
Terme de salution, extrêmement courant. Il indique le bonjour que l'on donne à une personne et non, comme en français, le fait de prendre congé d'elle.
Adieu, je t'ai vu.
Expression impertinente, lancée par quelqu'un qui se sauve, après avoir joué un tour.
Affaner.
Mériter, obtenir quelque chose, avec peine, au bout d'un long effort.
Ils ont bien affané l'argent qu'ils ont gagné.
Affiche (être à l').
État de celui dont le mariage est annoncé, dans les publications de la mairie.
Ils étaient à l'affiche, quand il l'a laissée.
Agacin.
Cor au pied.
Le temps va changer : je sens mon agacin.
Aguiller.
Etre perché, en équilibre instable.
Tu es bien aguiller, au sommet de cette échelle.
Voir déguiller.
Air (donner de l').
Ressembler à quelqu'un.
Il donne de l'air à son oncle.
Amasser.
Bien nettoyer son assiette de la sauce et des menus restes, avec un morceau de pain.
Amasse-moi cette assiette comme il faut.
Ambrune.
Nom local de la myrtille.
Amie (bonne).
Jeune fille que l'on courtise.
Il va aux bonnes amies.(Voir Fréquenter)
Ancelle.
Bardeau de sapin, pour couvrir les toits, plus long et plus large que la tavaillon (Allemand : Schindel).
Ane rouge.
Personne obstinée.
Têtu comme un âne rouge.
Appondre.
Ajouter une pièce.
Apponce.
Morceau rajouté.
Ils ont fait une apponce à leur maison.
Appondeur.
Personne qui n'en finit pas de parler.
Après.
Préposition très employée. Elle marque la relation :
Il a demandé après toi, et elle indique le lieu : La clé est après la porte.
Approprier.
Terme très courant : faire de la propreté, nettoyer.
Je n'ai pas eu le temps d'approprier la chambre.
Arvi.
"Au revoir". Expression patoise, pour prendre congé. Elle a eu beaucoup de succès, auprès des gens venus habiter la Savoie, et qui l'emploient comme un signe d'appartenance locale. Elle est souvent soulignée par l'explétif "pas".
Arvi, pas
Assez.
Adverbe qui a souvent un sens explétif.
On y a assez vu.
Atriaux.
Boulette d'abats de cochon hâchés, enveloppée dans la "toile" (péritoine de l'animal), cuite à la poêle. Mets local très populaire en Chablais et Faucigny.
Au.
Remplace presque toujours "chez" dans beaucoup d'expressions.
Il va au docteur, au coiffeur.
Avalé la queue du chat (avoir).
Être enroué.
Avance (avoir de).
Être actif, rapide dans le travail.
Cet ouvrier a beaucoup d'avance.
Être intellectuellement vif.
Le pauvre gamin, il n'a pas bien d'avance à l'école.
Baban.
Nigaud, dadais. Ce terme est un mélange d'affectueux et de péjoratif.
Grand baban !
Baboler.
Tenir des propos badins, sans signification.
C'est un babolet. Tout ça, c'est des baboleries.
Badaré*.
Péjoratif, personne maladroite.
Ah !, t'es bien un badaré : regarde moi ce travail !
Bade (de).
Pour rien, sans résultat.
On a fait un voyage de bade.
Bader.
Se promener en badaud.
Ne restez pas à bader comme ça.
Perdre son temps.
On a badé toute la journée pour rien faire.
Bagolu.
Ivrogne et dissipateur (Genevois).
Balan. (être sur le)
Etre en équilibre instable. Menacer de tomber.
Son affaire est sur le balan.
Balourie.
Divertissement bruyant. (Voir Balourien).
Balourien.
Romanichel, saltimbanque. Par extension, personne menant une vie peu recommandable.
Bamboué.
Fanfaron bruyant et buveur.
Ils ont fait les bamboués toute la nuit.
Banque.
Comptoir d'un magasin.
Posez ça sur la banque.
Barbot.
Cuit dans l'eau bouillante.
Des pommes de terre au barbot.
Barjaquer.
Bavarder, faire des commérages. Se dit surtout des femmes.
C'est une vraie barjaque.
Basotter.
Dire des choses dépourvues de sens.
À septante ans, il commence à basotter. Tais-toi, tu ne sais pas ce que tu basottes.
Bassouiller*.
Se tremper (les doigts de pieds) dans un liquide.
Vous avez pas bientôt finit de bassouiller dans cette baignoire, y'a de l'eau de partout sur le sol !
Béllosse.
Fruit du prunelier. Prunelle.
Bellot.
Bélier.
Coffe comme un bellot.
Sale et malodorant (Faucigny, Chablais).
Bérolle.
Petite crotte, chose insignifiante. Voir Pétole.
Bézière, bédière.
Bief canalisé.
Ou bien*.
tag interrogatif, comme le traditionnel hein ?. Très employé en Suisse romande.
Bon !, on l'a prend cette pause ou bien ?
Bicler.
Loucher.
Billons.
Billes de bois, grumes.
Bizingue.
En biais ; de travers.
Ce mur est tout de bizingue.
Bobet.
Simple d'esprit. Beaucoup plus fort que Baban.
Dans cette famille, il y a un bobet.
Boille.
Récipient en fer étamé, puis bidon d'aluminium, pour livrer le lait à la fruitière. Par métaphore : Boillu : qui a un gros ventre.
Bon (c'est tout).
Expression popularisée par les guides et moniteurs de ski, indiquant qu'un itinéraire ou un piste sont sûrs et praticables. Par extension, qu'une entreprise ou un projet sont assurés du succès.
Bon (manger).
Faire un bon repas.
Le jour de la communion, on a mangé bon.
Borgne (être à la).
Être insuffisamment éclairé. Ne pas y voir clair.
On y voit tout à la borgne. C'est tout à la borgne là-dedans.
Botter.
Emousser, faire perdre le fil. Se dit d'un outil qui ne coupe plus.
Cette hache est toute bottée.
Bouchère.
Bouton d'inflammation, autour de la bouche.
Bouger (se).
Se remuer, se mettre en train.
C'est le grand moment de se bouger.
Bouilli.
Nom local du pot-au-feu, terme français, qui fait plus recherché.
Bouquet.
Se dit, en savoyard, de la fleur elle-même.
Les gentianes, c'est des jolis bouquets.
Bourneau.
Fontaine publique.
Bourru.
Vin nouveau, dont les Savoyards sont très amateurs, dans les cafés.
Le bourru est arrivé.
Liquide frais et mousseux. Du lait bourru.
Boyau droit (avoir le).
Se dit d'un gros mangeur, insatiable, toujours prêt à se remettre à table.
Brané*.
Se dit de quelqu'un qui a connu les flammes de l'Enfer.
Ouh, c'brané : il a chablé tous les billons de fayard tout seul !
Brasse.
Femme remuante et intriguante. Brafa-golyè, en patois : qui agite l'eau des "gouilles" (creux), intrigant, pêcheur en eau trouble.
Brasser.
Touiller avec une petite cuillère.
Brassez votre café.
Avoir des activités multiples, dans un sens péjoratif.
Il brasse beaucoup.
Ressentir une forte émotion.
On a appris cette mort et on en est encore tout brassés.
Brique.
Morceau, éclat.
Le pot s'est cassé en mille briques.
Ebriquer, casser en enlevant un morceau.
Un objet tout ébriqué.
Se dit aussi des vêtements.
Des pantalons tout ébriqués.
Briquer.
Frotter, craquer une allumette.
Brossu.
Qui a le poil hérissé.
Un cheval tout brossu.
Brouillards du Rhône (les).
Avant la naissance.
Tu étais encore dans les brouillards du Rhône.
Bruche, bruchon.
Petite brindille.
J'ai un bruchon dans l'oeil.
Brûler la paille au cul.
Saluer le départ de quelqu'un par des manifestations d'hostilité.
Cacaballe (porter à).
Porter quelqu'un sur son dos, à califourchon.
Cacaniolet.
Homme méticuleux et lent, tâtillon.
Cacatières.
Cabinets d'aisance, en dehors de la maison, faits d'une petite cabane. On dit aussi écatières.
Cachenille.
Tirelire. Equivalent du français cachemaille (la maille était une petite fraction du sou).
Cadre.
Par une curieuse réduction sémantique, le savoyard exprime parfois le contenant par le contenu. Cadre signifie ainsi tableau, gravure.
Leur salle à manger est pleine de cadre.
Caforon.
Voir gonfaron.
Calfatut*.
Se dit d'une personne à l'activité et aux compétences professionnelles multitâches.
Ah ce Jeannot !, qu'est-ce qu'on ferait pâs sans lui : il est capable dans un même élan, d'une main et d'un oeil de continuer sur ses metrés de soumission, de l'autre main et de l'autre oeil d'expliquer à la secrétaire comment organiser sa facturation tandis qu'avec le pied il répond au téléphone à son chef de projet pour lui expliquer où il s'est gouré dans ses calculations.
Capite.
Petite maison isolée. Edifice de peu de valeur.
La maison où il reste, c'est une vraie capite.
Capucin. (tomber des têtes de)
Pleuvoir à verse.
Caquelon.
Terme Suisse-romand, devenu très courant en Savoie. C'est le poêlon de terre cuite, pour faire la fondue au fromage.
Carre.
Averse violente.
Ca fait une bonne carre.
Carron.
Brique de terre cuite, dont on se servait pour chauffer les lits.
Carotte rouge.
Nom savoyard de la bettarave à salade.
È CAPÖE !*.
Expression albanaise (autour de Rumilly), signifiant Quand bien même.
Cassin, casson.
Hématome, consécutif à un coup.
L'arnica est bon pour les cassins.
Catelles.
Carreaux de céramique.
Ils ont une salle de bains toute en catelles.
Catole*.
Upercut mérité.
Au bal de la vogue, il s'est pris une volée de catolles.
Catte.
Mêche de cheveux.
Châble.
Couloir raide, servant à faire glisser les "billons" de bois sur les flancs de la montagne.
Châlée.
Trace.
Le sanglier a laissé une châlée de sang.
Chemin ouvert dans la neige fraîche.
Il a fallu faire la châlée.
Champ (aller en).
Mener les vaches en pâturages.
Aller en champ les vaches.
Chanterelle.
Champignon. Nom savoyard de la girolle.
Chaploter.
Couper en menus morceaux.
Ne chaplote pas ta viande comme ça.
Charcler*.
Tailler dans le vif.
Utilisé aussi pour exprimer qu'il ne fait pas bon de trainer ici à cause de la tension dans l'air.
Reste pas ici, ça va charcler fort !
Charrue.
Action de répéter, de revenir avec insistance sur une chose.
C'est toujours la même charrue.
Par analogie avec la charrue, qui va est vient d'un bout à l'autre du champ.
Chenil.
Choses, ou pièces en désordre.
Qu'est-ce que c'est pour un chenil ?
Se prononce ch'ni.
Chevrer (faire).
Indisposer à l'extrême.
Chier (dans les bottes)*.
Tourner autour de quelqu'un, en le dérangeant fortement.
Arrête de nous chier dans les bottes, on a autre chose à faire !
Chique.
Joue enflée par le mal de dents. Chose sans valeur.
Ca ne vaut pas une chique.
Etat d'ébriété.
Il a encore sa chique.
Cicler.
Poussez des cris aigus.
Clopet*.
Petite sieste. Moment d'assoupissement.
J'a fait mon petit clopet.
Clou ni tache (il ne manque ni).
Être tout à fait bien habillé. Équivalent du français : "être tiré à quatre épingles." Les taches étaient les larges clous des semelles.
Coffe.
Très employé, mais en Haute-Savoie seulement. Sale, couvert de taches. Coffeyer, ou confeyer : salir.
Tu as toute confeyé ta veste.
Coin (à, d'à).
Mettre de côté.
Je t'ai mis une bonne bouteille d'à coin.
Coins. (porter ou tenir les)
Accompagner le cercueil d'un amis au cimetière, en tenant les cordons du poêle. Coutume qui se paire de plus en plus alors qu'elle était la règle.
Coître.
Dernier d'une famille, d'une couvée, d'une portée, moins vigoureux que les aînés.
Coîtron.
Limace grise des jardins. Par analogie, personne un peu minable, effacée.
Comme que comme.
Très employé. De toute manière.
Comme que comme, on ne peut pas faire autrement.
Comparer (se).
Etre à l'étroit, faire un effort pour s'accomoder à une circonstance (Faucigny, Chablais).
Il a fallu se comparer pour tenir à cinq dans cette auto.
Compte (revenir à).
Donner un profit, dégager un bénéfice.
Quand ca sera tout passé, je ne sais pas si ça reviendra bien à compte.
Confaron.
Voir gonfaron.
Contre.
Au matériel et au moral, idée d'opposition.
Il faut y appuyer contre. Il n'a pas arrêté de me faire contre.
On dit aussi "de contre".
Contrepasser.
Croiser quelqu'un sur son chemin.
On s'est contrepassé, mais il ne m'a pas vu.
Contour.
Sinuosité d'une route, de plus en plus remplacé par "tournant". On dit aussi "Décontour".
Coquetier.
Commerçant en gros de beurre, oeufs et volailles. "Coquet" est un des noms patois de l'oeuf, passé également en français famillié.
Corne.
Chausse-pied, parce qu'autrefois cet ustensil était taillé dans la corne.
Cornet.
Terme très courant. Sac de papier ou de plastique, pour emballer.
Un cornet de bonbons. On va vous y mettre dans un cornet.
Corniule.
Gosier, organe de la voix. Par extension, beau parler.
Il a une belle corniule.
Corporé (être bien).
Avoir un corps robuste et de belle tournure.
Côtes.
Nom savoyard des côtes de bettes.
Des côtes en sauce blanche.
Cotter.
Etayer.
Il a tellement de fruits qu'il a fallu cotter les branches.
Achopper, faire obstacle, matériel ou moral.
La roue ne peut pas tourner, il y a quelque chose qui cotte.
Fermer les portes.
On n'a pas pu entrer, c'était tout cotté.
Cou (mal au).
Mal à la gorge, angine. Un des "sabaudismes" les plus courants et typiques.
Couble.
Bande, équipe.
On est tombé sur toute une couble.
Le souvenir de Louis Mandrin, célèbre contrebandier du XVIIIe siècle, était resté vivace, d'où l'expression, pour désigner une réunion d'individus mal famés :
C'est la couble à Mandrin.
(NDT : Le long du val de Fier, entre Seyssel et Rumilly, les "bottes à Mandrin" du restaurant du même nom y sont exposées.)
Origine commune, parenté, avec un sens péjoratif.
C'est bien tout de la même couble.
Coucher.
On dit, en Savoie, aller coucher, au lieu d'aller se coucher.
Couenneau.
Première planche obtenue apr le sciage d'une bille de bois. Elle est plate sur une face et arrondie sur l'autre, qui garde l'écorce, la couenne, du tronc. On s'en sert pour faire des revêtements extérieurs de constructions rustiques.
Coulage.
Livraison du lait à la fruitière coopérative.
Il arrive toujours le dernier pour le coulage.
Couleuse.
Lessiveuse.
Pendant la guerre, ceux qui faisaient le marché noir avaient des couleuses pleines de billets.
Courate (avoir la).
Être "couratier".
Couratier.
Celui qui perd son temps à des courses de plaisir. Se dit surtout des coureurs des femmes.
Coups (être aux cent).
Être violemmant ému, perturbé.
Quand il a su la nouvelle, il a été aux cent coups.
Coups (faire les quatre-cents).
Avoir toutes sortes d'aventures, peu recommandables.
Crachée.
Petite chute de neige.
Ca a juste fait une crachée de neige.
Crapi.
En abondance, plein.
Les arbres sont tout crapis. C'était tout crapi de monde.
Crevoter.
Vivoter, végéter.
Ce feu crevote. La pauvre petite, elle est bien crevote.
Crochon.
Entame du pain.
Passer le crochon.
Cette locution exprime un rite, ou un symbole de transmission. Après le coneil de révision, les conscrits passent le crochon à la classe d'âge suivante. La famille qui avait offert le pain bénit, à l'église, passait le crochon à celle qui la suivait, dans le tout de rôle, en lui apportant l'entame du pain. Quand le garçon et la demoiselle d'honneur se mariaient à leur tour peu après un mariage, le premier couple leur avait passé le crochon. Quand une personne meurt immédiatement après une autre, de sa famille ou des ses amis, on dit de la première qu'elle lui a passé le crochon.
Cru.
Temps acide et frais.
Il fait bien cru. Ça sent la neige.
Cupesse, cupesser.
Faire la culbute, par jeu, ou par accident.
Ils ont cupessés avec leur auto. Depuis qu'il y a acheté, le prix a déjà fait trois fois la cupesse.
Cura-Fifi.
Nettoyeur de fosses d'aisances, vidangeur.
De.
Préposition, très souvent employé comme explétif.
Un homme rouge de figure.
Je n'en sais de rien.
Définition.
Solution finale. Achèvement.
On ne sait pas quelle sera la définition de ce procès.
Déguiller.
Faire tomber quelque chose qui est à une certaine hauteur.
Déguille moi voir cette pomme sur l'arbre.
Se déguiller : tomber d'un lieu élevé.
Il s'est cassé la jambe en se déguillant d'un cerisier.
Voir le contraire de ce terme à aguiller.
Démontagner.
Descendre de l'alpage, avec le troupeau.
Cette année, avec la neige, ils ont dû démontagner plus tôt.
Déplaisant.
Est pris, en Savoie, surtout dans le sens d'enfant turbulent.
Dérocher.
Tomber d'un lieu élevé. Terme de montagne. Dans le Massif de Platé (Région du Mont-Blanc) : col et aiguille du Dérochoir.
Dessus (prendre le).
Améliorer son état.
Après sa maladie, il commence à prendre le dessus.
Dominer.
Chez elle, c'est les nerfs qui prennent le dessus.
Deuil (faire).
Regretter.
Ca me fait deuil de jeter cette robe, qui peut encore servir.
Diâ*.
Terre de mauvaise qualité, boueuse et peu stable.
Qu'es-ce-tu veux faire pousser dans cette diâ !
Doigt (mettre le).
Il n'y a pas besoin de lui mettre le doigt.
Lorsque le veau est sevré, on lui apprend à boire seul, en lui mettant le doigt dans la bouche, au fond du seau de lait, pour simuler la tétine maternelle. Cette expression imagée s'applique au buveur invétéré, toujours prêt à vider son verre, sans avoir besoin d'incitation.
Dommager.
Gaspiller, gâter.
Ne dommagez pas vos habits. La tempête a tout dommagé le jardin.
Donner.
Suppurer.
Il a un abcès qui donne.
Drapeau.
Couche du nourrisson.
Drè*.
Tout droit.
Drè dans le pentu ! Certains non-savoyards disent : "Straight down !"
Droite (n'en faire pas d'une droite).
Équivalent du français familier "faire des coups tordus". Ne faire rien de bon.
Ebriquer.
Voir brique.
Écamboulir.
Réduire à l'extrême, par la cuisson.
Elle a laissé écamboulir la soupe.
Écharbouté (être).
Avoir les cheveux emmêlés, en désordre. Se dit des femmes.
Va te peigner, tu es toute écharboutée.
Éclaffer.
Faire éclater, écraser.
Les pommes sont toutes éclaffées.
Éjaratter.
Remuer frénétiquement les bras et les jambes (Genevois).
Il est tombé dans l'eau et il a commencé à éjaratter.
Émalogué.
Handicapé physiquement (Chablais, Faucigny).
Depuis son accident, il est tout émlogué.
Embronché.
Renfrogné.
Qu'est ce qu'il a ? Il est tout embronché.
Emmlle.
Qui a la tête dans les épaules, ou un corps tassé.
Emmontagner.
Monter à l'alpage, avec les troupeaux.
Emphysiquer.
Certaines personnes ont la réputation de s'adonner à la magie, avec le Grand Albert et le Petit Albert, livres contenant des formules et des pratiques. Cette activité se nommait "la physique". Il fait la physique. Le résultat était d'amener quelqu'un à faire ce que l'on désirait, en lui jetant un sort. Par extension, tromper. Il a cherché à m'emphysiquer.
Emplâtre.
Individu lent, embarrassé. Soufflet violent.
Je lui ai foutu une emplâtre.
En.
Préposition indiquant le lieu, pour les montagnes (alpages) et les cours d'eau.
Il est en Môle. Il pêche en Menoge.
Les cours d'eau ne prennent généralement pas d'article.
Arve charrie (des glaçons).
Encharmiller.
Jeter un charme, un sort, au propre et au figuré : séduire, tomber sous le charme.
Il a été encharmillé par cette fille.
Encoiner.
Etre serré, pressé dans les coins.
Cette salle est trop petite, on est tout encoinés.
Encoubler.
Faire un croc-en-jambe. Encouble : circonstance, ou personne fâcheuse qui empêche d'accomplir quelque chose.
Ils ont trouvé une encomble.
Encrotter.
Enterrer une chose, ou un animal.
Il a encrotté son chien.
Enfatter.
Mettre dans sa poche, la "fatte". Par extension, faire entrer dans un orifice étroit.
Je n'ai pas pu enfatter cette lettre dans la boîte.
Engonsser*.
Être serré dans des vêtements étriqués.
Tu ferais mieux de changer de chemise, on te sent tout engonssé.
Engringer (s').
Voir Gringe.
Enjoquer (s').
Avoir le gosier obstrué par les aliments.
Ne mange pas si vite, tu vas t'enjoquer.
Entrepris.
Etre embarrassé pour exécuter un travail. A l'inverse, on dit de quelqu'un qui a des prétentions, sans les compétences, c'est un entrepreneur entrepris.
Enuquer (s').
Se briser la nuque.
Epantrené..
Qui a les vêtements déchirés et en désordre.
Époulaillé (être).
Être effrayé, perturbé.
Il est tout époulaillé pour un rien.
Escarlavé.
Voir Escarnavé.
Escarnavé.
Feu de joie du premier dimanche du Carême, jour des brandons (feux de joie). Par extension, grand feu : Un vrai escarnavé.
Essuyer.
Se dit en savoyard, des terrains détrempés, qui ont séché.
On ne peut pas commencer les labours tant que les terres ne sont pas bien essuyées.
Éveillon.
Soufflet violent, qui réveille.
Façon.
Allure, apparence extérieure, tournure.
Ce garçon a vraiment bonne façon.
Façon (faire).
Se faire obéir. Obtenir un résultat.
Ils ont dû mettre leur gamin en pension. Ils ne pouvaient plus en faire façon.
Fatigué (être bien).
A un sens extrêmement fort : être au plus mal. L'un des savoyardismes les plus courants.
On l'a trouvé bien fatigué.
Faret (langue de).
Personne au parler subtil et médisant. Se dit, en Haute-Savoie et surtout dans les campagnes proches de Genève, par allusion aux prédications anti-catholiques du réformateur d'origine dauphinoise, Guillaume Farel (1489-1565).
Femali.
Coureur de femmes.
Fidé.
Vermicelle, qui était un mets très populaire.
Fifrer.
Boire régulièrement, et beaucoup.
Il fifre pas mal.
Filet (couper le).
Couper la membrane qui est sous la langue, à la naissance, pour que l'enfant parle bien. On dit de quelqu'un qui a "bonne langue", la mère-sage (sage-femme) qui lui a coupé le filet n'a pas voler ses quatre sous.
Fin.
Tout-à-fait. À l'extrême.
Il est fin saoûl. C'est un fin malin.
Fion.
Pique, mot blessant.
Il m'a envoyé un fion.
Fonds (acheter le).
Se dit, dans une compagnie, lorsque quelqu'un s'avise qu'il est temps de prendre congé.
On n'est pas venu pour acheter le fonds.
Fréquenter.
Courtiser les filles.
À présent, les garçons, à quatorze ans ils fréquentent déjà.
Frouiller.
Frauder au jeu, tricher.
C'est un frouillon.
Fruitière.
Fromagerie coopérative du village, ou de hameau, née dans le Jura, au XVIIIe siècle et très largement diffusée, dans l'avant-pays savoyard, à partir des années 1870. Elle travaille le "fruit", qui est le lait produit par le bétail. Le gérant - souvent suisse, à l'origine - est le "fruitier". "Aller à la fruitière", pour le "coulage" est un acte important de la sociabilité paysanne, car c'est un lieu de rencontre et d'échange d'informations.
Gagui.
Femme de mauvaise vie, trainée.
Gandrouiller.
Voir ganfollier.
Ganfollier.
Agiter un liquide, avec les mains ou un ustensile.
Ganguiller (se).
Se balancer.
Ne te ganguille pas comme ça sur ta chaise.
Gants (tirer les).
Mourir. (Faucigny).
Gâpian.
Douanier. Surtout employé, en Savoie du Nord, au temps de la Grande Zone franche (1860-1923). Tend à être remplacé par le français "gabelou".
Garde-robe.
Armoire à vêtements.
Gâtion.
Enfant gâté, choyé.
Un gros gâtion.
Gouappe*.
Pillier de bar.
Au retour de vogue à Saint-Martin, y-avait que des gouappes !
Gerber*.
Voir Moder.
Gin-gin.
Intelligence, esprit.
Il n'a vraiment pas de gin-gin.
Glière.
Etendue de graviers, banc de sable et de pierre, dans le lit d'un torrent. Est égalemment un nom de famille.
Glin-glin.
L'auriculaire, ou "petit doigt".
Glisser (se).
Faire des glissades, sur la glace.
Gonfaron.
Lanterne en verre, de couleur, portée par les membres des confréries, dans les processions. S'emploie dans l'expression :
Rouge comme un gonfaron.
Gonfle (être).
Etre gonflé. Au moral : en avoir gros sur le coeur.
Il a les yeux tout gonfles. Ils ont eu un gros chagrin. Ils sont bien gonfles.
Gnagniou.
Personnage un peu simplet et hésitant, qui traîne à s'exprimer et à se décider.
Celui-là c'est un vrai cac-gnagniou !
Gnagniu.
Voir Gnagniou
Gnognoler.
Hésiter.
C'est pas le moment de gnognoler.
Gnagnouler.
Voir Gnognoler.
Gôgnes.
Faire des manières, des embarras.
Vous faites bien des gognes.
Terme très courant.
Gonver.
Couver, évoluer lentement.
Le feu avait gonver toute la nuit.
Rien ne presse. Laissons-y un peu gonver.
Gonvé.
Odeur de renfermé.
Ca sent bien le gonvé, dans cette pièce.
Gouille.
Creux rempli d'eau. Proverbe :
Ça pleut toujours dans les grandes gouilles, c'est-à-dire que l'argent va toujours à l'argent.
Gougnafier* ou gougnaff'*.
Voir badaré ou sagatti.
Goût.
Le Savoyard emploie peu "odeur", remplacé communément par goût.
Ça sent un drôle de goût.
Gouttes (faire des).
Distinction subtile d'avec pleuvoir. Pleuviner.
Grain.
Un "grain de sucre" veut dire un morceau de sucre.
Grattacul.
Fruit de l'églantier, rempli de poils irritants. Par métaphore, femme laide et revêche.
C'est un vrai grattacul.
Grebolu.
Se dit de la peau, irrégulière.
Elle est toute grebolue.
Gremolu.
Qui est en grumeux, rugueux.
Greube.
Croûte, pustules.
Elle a la figure pleine de greubes.
Greubon.
Résidu croustillant de la fonte du lard. Mets recherché, qui entre dans plusieurs préparations culinaires.
Greuler.
Secouer légèrement un arbre, pour faire tomber les fruits. Grelotter.
Greulette.
Action de greuler. Avoir la greulotte, la tremblotte.
Guingaller (se).
Voir Ganguiller (se).
Gringe.
Grognon, grincheux.
Je me suis engringé, quand j'ai su cette affaire.
Idée (j'ai).
Je crois que. Je me propose de faire telle chose.
Jacques (faire les).
Faire du bruit, des extravagances.
Tâchez de ne pas faire les Jacques.
Jappe.
Organe de la parole.
Ça lui a coupé la jappe.
Jarcler*.
Dégager le plancher rapidement, de manière forcée.
Allez jarcle ! T'as rien à faire ici !
Jarrique.
Personne très bavarde.
Elle a une bonne jarrique.
Jovelot.
Chopine de vin. (Basse-Savoie).
Languatter (faire).
Faire tirer la langue. Faire attendre. Laisser espérer.
Linge.
Au sens large des vêtements.
Sa femme ne prend pas bien soin de son linge.
Lissieu.
Eau de lessive, après que le linge ait bouilli.
Loin (être).
Être parti.
Il y a un bon moment qu'il est loin.
Lichette*.
Petite quantité.
Tu m'en verseras juste une lichette, j'ai de la route après.
Loquater.
Secouer le loquet d'une porte. Par extension : être branlant, manquer de fermeté, aller mal.
Ca fait déjà un bon bout de temps qu'il loquate. (Faucigny).
Luger (se).
Faire de la luge.
Lune (bois de).
Bois coupé la nuit, dans les forêts, à la barbe des gardes.
Macaule.
Équivalent du français populaire "magouille". Intrigue, combinaison douteuse.
On ne sait pas ce qu'ils sont encore en train de macauler.
Maffi.
Fatigué.
On est revenu à pied et on est tout maffi.
Magnin.
Etameur et raccomodeur de vaisselle ambulant.
Main (bonne).
Pourboire.
Mais.
Un des termes savoyards les plus typiques et les plus répandus. Derechef, encore.
Il est mais là. Ça y est mais. J'ai mais dû me gendarmer. "On peut reconnaître un Savoyard à la manière dont il use et abuse du terme mais" (Constantin et Désormaux). Se prononce mé.
Maître (aller à).
Etre engagé comme domestique ou employé, chez un patron.
Ca te dressera d'aller un peu à maître.
Mal (aller à).
Péricliter. S'acheminer vers l'échec, la ruine.
Si ça continue comme ça, ça veut tout aller à mal.
Malotru.
Au sens français de grossier, mal éduqué, le Savoyard ajoute, beaucoup plus communément, l'acception de mesquin, chétif, de peu de valeur.
C'est bien cher, pour cette malotrue maison.
Manille (ou manoille*).
Poignée d'un ustensile, d'une porte.
Manque (il s'en).
Il manque une certaine quantité.
Il s'en manque de moitié que le tonneau soit plein.
Manquer (se).
Commettre une erreur, un impair.
Je me suis manqué en prenant cette décision.
Quand on est en société, il ne s'agit pas de se manquer.
Margagne.
Boue, temps pluvieux et maussade.
En automne, on est souvent dans la margagne.
Marier.
Est transitif, en savoyard.
Il a marié la fille au maire.
Marier en... (se).
Aller habiter chez sa femme était très mal vu dans les pratiques sociales du village, et considéré comme déshonorant pour le garçon. D'où une série d'expressions péjoratives :
Se marier en bouc, en loup, en cul de loup, en gendre, en veau, en taureau.
Marrein.
Gravats, plâtras de démolition, que l'on mettait parfois dans les champs, pour les amender.
On a enlevé de la maison cinq camions de marrein.
Marteau.
Grosse molaire.
On lui a arraché un marteau.
Matafan.
Matefaim. Mets très populaire du vendredi, à base d'ufs, de farine et de lait, pour le jour maigre du vendredi. C'est un peu le symbole de la Savoie. Le Matafan était le nom d'une des principales sociétés de Savoyards de Paris.
Matole.
Motte de beurre. Par comparaison : femme lourde et molle.
Quelle grosse matole !
Mazot.
Ce terme suisse-romand, surtout valaisan, devient courant en Savoie, pour désigner les petits greniers de bois achetés en montagne et remnontés, près des maisons.
Mène.
Transport du lait à la fruitière, assuré à tour de rôle.
C'est ma semaine de faire la mène.
Métier (être de).
Etre de la partie, connaître le metier.
Ce menuisier est vraiment de métier.
Trente-six métiers, quarante misères.
Se dit d'un besogneux, aux occupations multiples et mal définies, dont aucune ne le nourrit.
Meurons (pique-).
Terme péjoratif, désignant les Genevois qui viennent en grand nombre, dans les campagnes savoyardes, ramassant champignons, fleurs et fruits, dont les mûres, qu'ils appellent "meurons" (savoyard : "mûrons").
Minons.
Amas de poussière, sous les meubles.
R'garde ça, y-a des minons qui courent sous l'lit !
Miser.
Enchérir dans une vente. Se porter acquéreur. Consentir un sacrifice d'argent, pour acheter, ou obtenir quelque chose.
S'il veut y avoir, il va falloir miser.
Moder.
Partir. S'en aller.
Alors, on mode bientôt ? Allez, mode ! (On peut dire aussi : Allez, on gerbe !)
Moë.
Un tas.
Moindre.
Mesquin, chétif.
Cet enfant est bien moindre.
Petit verre.
Vous prendrez bien la moindre ?
Moiner.
Prononcer moin-ner. Se plaindre, récrimer, grogner.
Qu'est-ce que tu as mais à moinner ?
Molard (être sur le).
Être sans travail.
Molardier.
Ouvrier agricole qui se louait, sur la place publique, où les patrons venaient embaucher. En Savoie du Nord, un de ces grands marchés du travail était sur la place du Molard, à Genève, qui est sans doute à l'origine de l'expression.
Montagne.
En plus du sens topographique, signifie, en Savoie, alpage.
Une montagne de 200 vaches.
Moraine.
Ce mot est entendu dans une acception plus large que celle qui se rapporte au glacier, et il indique une pente raide.
Leurs terres seont toutes en moraines.
Moule.
Mesure pour le bois de chauffage, valant généralement trois stères. Bois de moule : bois de chauffage.
Le fayard est le meilleur bois de moule.
Nèvoler.
Neiger à petits flocons.
Nèvoter.
Voir Nèvoler.
Nia.
Troupe, nichée, membres d'une famille.
Il nous est tombé dessus dimanche, avec toute sa nia.
Niard* (avoir la).
Être de mauvaise humeur.
Qu'est-ce qu'il a aujourd'hui, il a la niard ?
Être enrumé avec le nez qui coule.
À ces gones, toujours malades, quelle bande de niareux !
Nié.
Oeuf - souvent factice, en plâtre - que l'on met dans le nid pour inciter les poules à pondre.
Nille.
Jointure, articulation.
Il a les nilles des doigts pointues.
Nio.
Voir Nié.
Nioque.
Voir Gnagnou.
Noir (prendre le).
Céder à la mélancolie.
Ouaffe.
Onomatopée, très courante, indiquant la neige fondante.
Pacot.
Boue épaisse, dans laquelle on patauge.
Pacoter.
Gâcher de la terre, du plâtre, du ciment.
Panosse.
Un des savoyardismes les plus communs. Serpillère servant aux nettoyages du sol. Par analogie, personne molle, apathique.
C'est une vraie panosse.
Pantet.
Queue de chemise.
Il se promène en pantet.
Par.
Préposition indiquant une partie du corps.
Il est tout égratigné par la figure.
Par le froid qui fait, mettez-vous un foulard par la tête, pour sortir.
Parent (être de).
Etre apparenté.
On a le même nom, mais on n'est pas de parent.
Parmi.
Cette préposition est prise dans un sens particulier : être incontinent.
Il se fait parmi.
Part.
Manière d'accepter, d'accueillir les paroles ou les attitudes.
Ne prenez pas ce que je vous ai dis en mauvaise part.
Pas (non).
Équivalent de "au lieu de".
Fais quelque chose, non pas rester là les bras croisés.
Passnaillu*.
Habitant de la région albanaise, autour de Rumilly. La passnaille est le patois albanais de carotte.
D'après la légende, pour arrêter les envahisseurs aux portes de Rumilly, une carotte avait été coincée dans la serrure des portes de la cité. Ne pouvant l'enlever après la menace de l'envahisseur, on fit appel à un cochon qui pu manger la carotte dans la serrure. D'où l'expression Rumilly la pasnaille.
Passon.
Barreau d'une échelle.
Il a manqué un passon et il est tombé.
Patasser.
Lambiner.
Dépêche-toi. Qu'est-ce que tu patasses ?
Patioque.
Boue épaisse, dans laquelle on patioque. Très courant.
Patioquer.
Action de gâcher de la terre, du plâtre. Patauger.
On a patioqué dans ce chemin.
Patrouiller.
Action de toucher, de remuer activement avec les mains.
Il ne faut pas patrouiller les petits chats ; ça les fait crever.
Patte.
Mot très employé. Chiffon ; linge usagé. Effet personnels.
Si tu n'est pas content, tu n'as qu'à prendre tes pattes et à partir.
Par extension : être chez soi.
Il s'est mis dans ses pattes.
Idée de pâleur.
Il est devenu blanc comme une patte.
Pattier.
Chiffonnier, brocanteur.
On va faire passer le pattier pour débarrasser le grenier.
Pattier a un sens péjoratif.
Commerce de pattier, entreprise peu intéressante.
Il est habillé comme un pattier. Personne peu distinguée.
On dirait une vraie pattière.
Pauvre.
Souvent pris dans un sens de légère commisération.
Pauvre toi !
Payer.
Offrir, sans demander d'argent.
On s'est fait payer le café.
Pège.
Colle, poix. Personne fastidieuse.
C'est une vraie pège.
Pégnat* (Université de).
Dire de quelqu'un qu'il a du "faire l'Université de Pégnat" est un semblant ironique face aux qualités intellectuelles dont la personne en question fait preuve devant ses camarades de bistrot qu'ils en ont qualifié.
Ah t'as du faire l'Université de Pégnat toi pour nous sortir de pareilles idioties !
Il semblerait que, contrairement à l'université, la commune de Pégnat (orthographe à vérifier...) existerait, située approximativement entre Albens et Aix-les-bains.
Peign-cul*.
Personne qui porte beaucoup d'attention à son apparence, toujours prête à se passer un coup de peigne dans les cheveux qu'elle porte, en général, derrière son pantalon.
Regarde-moi ce peign-cul, il croit aller où comme ça !?
Penser (se).
Réfléchir à quelque chose. Avoir une idée.
Je me suis pensé qu'il fallait faire comme ça.
Pétole.
Petite crotte. Terme d'affectation surtout pour les enfants.
Viens avec moi, ma pétole.
Picholette.
Petite chopine de vin. Mesure locale.
Pignouf*.
Péjoratif, pauvre homme sans avenir.
Regarde moi ce pignouf, où croit-il aller comme ça ?
Pitater.
Marcher beaucoup et rapidement.
(Chablais, Faucigny).
On a pitaté tout le tantôt pour faire des commissions.
Pitrounier*.
Action de toucher, de remuer activement avec les mains.
Il ne faut pas pitrounier les petits chats ; ça les fait crever.
Pive*.
(suisse) Fruit des connifères.
Attends voir un peu, tu vas te prendre une pive en pleine poire !
Planton.
Jeune plant de légume, ou de fleur, à repiquer.
Plier.
Envelopper une marchandise. Se dit même pour un objet rigide, emballé dans un paquet.
On va vous plier ça.
Plot.
Billot de bois pour couper du bois, de la viande. Moëllon pour la construction, idée de massivité, d'immobilité.
J'ai dormi comme un plot.
Pitater.
Marcher beaucoup et rapidement.
(Chablais, Faucigny).
On a pitaté tout le tantôt pour faire des commissions.
Poche.
Louche, de bois, puis de métal.
Une poche à soupe.
Elles étaient autrefois faites par les montagnards des Bauges, en bois de plane. Les Boujus vendaient ces poches dans les campagnes, où elles étaient ironiquement nommées "l'argenterie des Bauges". Dans l'ancienne société rurale, la belle-fille, qui assumait la direction de la maisonnée, recevait symboliquement le pouvoir, des mains de sa belle-mère, par la transmission de cet ustensile culinaire. D'où l'expression : Prendre la poche.
Polater.
Courir les filles, comme un jeune poulet (coq).
Il polate dur.
Porter (se).
Faire acte de candidature.
Il se porte conseiller municipal.
Porté (être porté de bonne volonté).
Montrer de bonnes dispositions. Faire un effort pour bien s'acquitter de sa tâche.
Pot.
Voir Vase.
Pottes.
Les lèvres. Par extension : faire la moue, être renfrogné.
Il fait la potte.
Pottu.
Celui qui a de grosses lèvres. Avoir une expression boudeuse, mécontente. (Voir Niareux)
Il est bien pottu, aujourd'hui.
Poulet.
Désigne, en Savoie, le coq adulte.
Poussine.
Jeune poule, poulette.
Prin.
Menu, mince.
Il est devenu bien prin. Va chercher du prin bois pour allumer le feu.
Prix-fait.
Dans l'ancienne Savoie, des contrats notariés très détaillés étaient dressés, avec un devis, le "prix-fait". Par métaphore : faire quelque chose de propos délibéré, avec insistance.
Il a vraiment à prix-fait de nous embêter, aujourd'hui.
Puis.
Explétif, très utilisé, marquant la sucession des actions.
Il a puis dit. Ils sont puis venus.
Quand.
En même temps.
Il est rentré quand moi.
Qui c'est pour un ?.
Interrogation, avec inversion, très courante, dans laquelle on a voulu voir un germanisme.
Quinquerne.
Personne lente à se décider, qui s'écoute continuellement.
Quitter.
Oter un vêtement, des chaussures.
Quittez vos souliers pleins de boue, avant de rentrer.
Rameau.
Branche de buis que l'on emporte à la messe des Rameaux, pour la faire bénir. Désigne également l'arbuste.
Ils ont des rameaux dans leur jardin.
Rampon.
Nom savoyard de la mâche, ou doucette. Dans la région annécienne : Ramponnet.
Ratasser.
Remuer des objets, farfouiller.
Qu'est-ce que tu as à rattasser dans cette cave ?
Ratte.
Dent de lait des jeunes enfants.
Fais moi voir tes petites rattes.
Rebicler.
Faire un pli ; être retroussé.
La couverture du livre est toute rebiclée.
Rebioller.
De "biollet", pousse, rejet. Reverdir, renaître à l'activité.
Au printemps, la végétation rebiolle. Je l'ai trouvé tout rebiollé.
Réduire.
Ranger, mettre à sa place.
Je t'ai déjà dit cinquante fois de réduire toutes ces affaires qui traînent.
Remettre.
Reconnaître quelqu'un.
Je lui ai dit bonjour, mais il ne m'a pas remis.
Restant.
Reste.
On finira ces restants de dîner demain.
Péjoratif : C'est le restant de la colère de Dieu.
Rester.
Habiter.
Il reste rue Sommeiller.
Retirer de.
Ressembler, avoir un air de famille.
Le garçon retire de la mère.
Retzipeter*.
Correspond au "rapporter" de "rapporteur" du français-standard.
Et ben mouè j'irai tout retzipeter au chef !
Rien.
Exprime la surprise, le désarroi.
Depuis qu'on sait cette nouvelle, on en est rien.
Avec un redoublement de la négation, "pas rien", exprime ce qui est suffisant.
Le salaire qu'il a, pour son âge, c'est déjà pas rien.
Rioule (faire la).
Faire la fête, hors de chez soi (Faucigny).
Riouler.
Même sens que "faire la rioule".
Riouli.
Bambocheur.
Risolet.
Petit rire.
Il a le risolet.
Roiller.
Pleuvoir à verse.
Roillée.
Très forte pluie.
On a pris une bonne roillée.
Rogne (chercher).
Chercher noise ; chercher querelle. Selon P. Robert, ce terme savoyard, genevois et lyonnais, n'a été introduit à Paris qu'au XIXe siècle.
Rôde (être à la).
Être en chemin ; circuler.
Il est toujours à la rôde.
Rôdi.
Rôdeur ; coureur de chemins.
Roustir.
Être victime d'une opération malhonnête.
Dans ce commerce, j'ai bien manqué de me faire roustir.
Rublon.
Vieille chose, hors d'usage.
Il rafistole ce vieux rublon.
Ruclon.
Amas de vieilles choses, jetées au déblai.
Ruclonner.
Rafistoler ou manipuler de vieux objets.
Rutabaga*.
Cariolle, bétaillère.
Allez, grimpe dans ma rutabaga, qu'on mode de là.
Sagatter.
Secouer violemment.
Sagattée.
Action de faire des reproches véhéments.
Il a pris une bonne sagattée.
Sagatti.
Boucher ambulant qui tue le cochon, en hiver, dans les maisons. En Chablais et en Faucigny, ce mot a souvent une nuance péjorative.
Il travaille comme un vrai sagatti.
Sapi.
Outil de bûcheron, terminé en pointe recourbée et servant de levier, pour tirer et manipuler les billes de bois.
Sartot.
Terme de la Basse-Savoie, anciennement "certouz", cellier, petite maison dans les vignes, où l'on reçoit les amis.
Les Compagnons du Sarto sont une société folklorique savoyarde, qui a popularisé ce mot.
Sasson.
Diminutif familier de Françoise. Désigne ironiquement une femme aux formes lourdes. La statue élevée à Chambéry, pour commémorer le premier rattachement de la Savoie à la France, en 1792, montrait une robuste Savoyarde, familièrement nommée "La Sasson".
Sauce blanche.
Sauce béchamel.
Sauce coffe.
Mets à base d'abats de cochon, très populaire en Chablais et en Faucigny.
Avoir de la peau de sauc' (devant les yeux)*.
Exprime l'étonnement de quelqu'un vis-à-vis d'une autre personne qui ne voit pas l'objet recherché qui se trouve être sous ses yeux. ("sauc'" respectivement pour "saucisson" se prononce comme "sosse".)
T'as de la peau de sauc' ou quoi ! Tes clefs étaient juste pendues au mur !
Semaine (jour de, ou jour sur).
Jour ouvrable, par opposition au dimanche.
Sénateur.
Terme de la Basse-Tarentaise, qui a le même sens que "Sagatti".
Seulement.
Très usité, pour signifier "à votre gré".
Entrez seulement. Faites seulement.
Siennes (avoir les).
Subir des épreuves, des contrariétés.
Dans la vie, tout le monde a bien les siennes.
Six quatre deux (à la).
Faire quelque chose en désordre ; de travers.
Sniule.
Manivelle. Idée de répétition fastidieuse. Personne qui ressasse les mêmes choses.
C'est une vraie sniule. Tu nous sniules.
Coupe-moi ce France-Info tu nous sniules avec ça !
Souci (prendre du).
Songer à partir, à quitter une compagnie.
Allons ! C'est le moment de prendre du souci.
Soupe blanche.
Soupe au lait, à la farine.
Tablard.
Rayonnage, étagère.
Mettez les tommes sur le tablard de la cave.
Tâcher moyen.
Faire en sorte de.
Tâchez moyen de rentrer de bonne heure.
Tantôt (ce).
Cet après-midi. Un des savoyardismes les plus communs.
Il reviendra ce tantôt. À c'tantôt !
Tabanné*.
Devenu simplet ou fou (dangereux) à cause de corrections répétitives.
Passer à fond dans ce goulet, c'est bien des tabannés !
Taper.
Battre, donner une correction.
Il a mais tapé le petit.
Taque.
Simple d'esprit ; demeuré.
Il est un peu taque.
Sac d'étoffe ; besace.
Il a une taque pleine de pièces d'or.
Tara.
Pot de terre. (Albanais, Chambéry, Bornes, Bauges).
Tartifle.
Nom de la pomme de terre (allemand : Kartoffel), qui recule nettement dans l'usage local devant le français familier "patate".
Tarre pour barre (prendre).
Faire des quiproquos ; comprendre de travers. (Bas-Genevois, Bas-Faucigny).
Tâta-cul de polaille.
Expression patoise, sarcastique, indiquant une personne tâtillonne, méticuleuse, qui va jusqu'à tâter le derrière des poules pour voir si elles vont faire l'uf.
Tatu.
Simple d'esprit, demeuré.
Tavaillon.
Bardeau ; planchette de sapin ou de mélèze, pour couvrir les toits
(0.30m x 0.15m x 0.20m).
Temps (avoir meilleur).
Très employé. Être préférable.
On a bien meilleur temps d'y aller à pied.
Tepin.
Voir Topin.
Terrain.
Endroit dépourvu de neige.
Avec le redoux, c'est tout terrain.
Tête (avoir bonne).
Être doué pour les études. Être intelligent.
Tête (se laver la).
Se laver les cheveux.
Tioquands.
Surnom des habitants du Pays de Gex.
Tirée.
Trajet long et pénible.
On a fait une sacrée tirée.
Tirer.
Être peu approvisionné ; n'avoir pas assez.
Les boulangers sont fermés. On tiraille (ou on tire) le pain.
Tirer la chemise*.
(suisse) Du français ravigotter, sensation désagréable des glandes salivaires lorsque l'on mange quelque chose d'acidulé.
Pas mouvais ces raisinets, mais ils tirent un peu la chemise, faudrait rajouter du sucre.
Tirer un journal.
Etre abonné.
Chez nous, on tire l'Essor savoyard. (Région annécienne).
Tiraille, tirailler.
Voir Tirer.
Tombée.
Petite quantité de liquide.
Le café est meilleur avec une tombée de lait.
Torgnaule*.
Correction patriarcale.
Monte dans ta piaule, avant de t'prendre une torgnaule !
Turne*.
Demeure délabrée. Utilisé péjorativement :
On tire le pain, dans cette turne !
Tomme.
Très commun. Fromage de lait de vache. Par métaphore péjorative, femme apathique.
Quelle grosse tomme !
Topette
Petite bouteille.
On prend une topette de goutte pour le voyage.
Topin
Pot de terre, pour le vin ou le cidre. On dit, comme en français : "sourd comme un pot", sourd comme un topin.
Tôtubôtu.
Expression autrefois très courante, qui sort rapidement de l'usage. Elle signifie tohu-bohu, confusion, désordre, pêle-mêle.
C'était tout à totubotu.
On dit égalemment ôtubôtu, tôbotu. Est pris aussi dans le sens de "couci-couça" et de "en bloc" : Vendre ôtubôtu. Cette expression vient de la Génèse (2e verset du 1er chapitre) décrivant le vide et le désordre de la planète, avant la Création : "Et la terre était tohoû va bohoû".
Toucher la main.
Serrer la main.
Le député m'a touché la main.
Toupine.
Très commun. Récipient de terre vernissée, pour conserver le beurre fondu et les salaisons.
Tourmente-chrétien.
Se dit des gens - surtout des enfants - qui réclament continuellement la même chose.
Toutes (les avoir).
Éprouver une série d'ennuis, de maladies.
Cette année, on les a vraiment toutes.
Traîne.
Personne qui ne rentre pas à la maison ; qui lambine (dans les cafés).
On a trouvé des traînes.
En Faucigny : Traîne à la né ; "Traîne jusqu'à la nuit".
Epidémie.
Tout le monde a la grippe. C'est une traîne.
Tremblement.
Terme qui renforce une énumération.
Ils sont venus avec leurs affaires, et tout le tremblement.
Trouver (venir).
Rendre visite.
Venez nous trouver dimanche.
Tour (donner le).
Eprouver une émotion violente.
Quand elle a vu cet accident, ça lui a donné le tour.
Aller mieux, dans le cours d'une maladie.
Au bout de huit jours, ça commence à donner le tour.
Vase.
Autre exemple de contenant pour contenu : une potée, un vase de fleurs.
A Toussaint, ils ont mis un vase au cimetière (ou un pot).
Veille (attendre).
Attendre avec impatience.
Ils attendent veille que le vieux soit mort pour avoir ses sous.
Veiller (se).
Expression très courante. Prendre garde, faire attention à quelque chose.
Veille-toi bien de ne pas salir tes habits du dimanche.
Vergogneux.
Honteux ; qui fait des manières.
Vous êtes bien vergogneux.
Vie (faire une).
S'exprimer avec véhémence.
Quand il y a su, il a fait une de ces vies !
Vie (faire la).
Se dit d'une femme qui mène une existence dissolue.
Elle est partie faire la vie, à Paris.
Vionnet.
Prononcé [vion-net]. Petit virage sinueux. Voir Virolets ci-dessous.
Virolets*.
Petits virages serrés en montagne.
Faire des virolets dans la trafole. Certains non-savoyards disent : "Faire du ski parabolic carving".
Vogue.
Fête patronale de la commune.
Voir.
Explétif, très employé.
Regarde voir si tu trouves le journal.
Dis-nous voir ce que tu en penses.
Écoute moi voir.
Voir (s'en).
Être aux prises avec des difficultés, des épreuves.
Avant d'y arriver, on s'en ait vu de toutes les couleurs.
Vouloir.
Exprime la possibilité, l'éventualité.
Ça veut pleuvoir, avant ce soir.
Si ça continue, ça veut aller mal.
Vouloir (en).
Manifester de l'hostilité à quelqu'un.
Je vois bien qu'il m'en veut.
Ce terme, signalé comme vieilli, en français, par Robert, est, au contraire, toujours bien vivant dans le parler savoyard.
Y.
Ce pronom, dont usent et abusent les Savoyards, remplace "le" dans un très grand nombre d'expressions.
J'y sais. Il faut y faire. J'y ai dit.
|
Liens sur des pages web homologues et surtout vâchement mieux foutues(retour menu)
La référence académique mondiale panfrancophone,
Les Patoisants du Jorat de Sabine,
Termes régionaux de Suisse romande et de Savoie d'Henry Suter,
le dico de Topio.ch de gaillards Vaudois,
Lexique de patois de Robert Jeantet
Déjà parus chez le même éditeur (retour menu)
Anthologie des expressions en Provence
Anthologie des expressions corses
Cette fois ce sera à Philippe - le Corso-marseillais - de s'y coller !
À paraître chez le même éditeur (retour menu)
Anthologie des expressions d'Auvergne
Et là Fred, - l'Auvergnat - ne crois pas que tu t'en tireras comme ça !
[Sommaire] |